La pharmacie privée béninoise en quête d’excellence
La pharmacie privée béninoise en quête d’excellence :
Les Journées du Pharmacien du Secteur Privé marquent un tournant
Dans un secteur en constante évolution, où la qualité des soins et l’accessibilité aux médicaments restent des priorités, les pharmaciens du secteur privé ont décidé de se réunir afin de consolider leur collaboration et de débattre des enjeux propres à leur profession. C’est dans cet esprit que s’est tenu du 03 et 04 avril à Cotonou, la première édition des Journées du Pharmacien du Secteur Privé (JPSP) sur le thème : « Secteur Privé pharmaceutique : Réformes, défis et Opportunités ». Organisée par l’Association des Pharmaciens du Secteur Privé du Bénin (APSPB), avec l’appui de l’Institut National de la Femme (INF) et l’appui technique et stratégique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette initiative marque une étape majeure dans la reconnaissance et le renforcement de la profession pharmaceutique privée au Bénin.

Une plateforme d’échanges et de valorisation
Conçue comme un cadre de réflexion, de concertation et de valorisation, la JPSP a réuni des pharmaciens venus de tout le pays. Le président de l’APSPB, Dr Rodrigue SONDJO, a rappelé que cette rencontre visait à « renforcer les liens professionnels entre pharmaciens du secteur privé, échanger sur les défis de la profession et proposer des pistes de solutions pour l’avenir ».
Ces deux jours de réflexion ont été meublés par des panels autour de thèmes majeurs : la réglementation pharmaceutique, l’avenir du médicament au Bénin, l’accès aux soins, l’entrepreneuriat féminin et l’industrialisation pharmaceutique. L’occasion pour les participants de revisiter les textes législatifs encadrant leur profession, mais aussi de se projeter vers une pharmacie plus intégrée dans les dynamiques de santé publique.
Les femmes pharmaciennes à l’honneur
Une des grandes originalités de cette édition a été la mise à l’honneur des femmes pharmaciennes, qui représentent aujourd’hui près de 60 % des titulaires d’officines au Bénin. À travers une cérémonie symbolique, plusieurs d’entre elles ont été distinguées pour leur engagement, leur parcours et leur contribution à la profession.
Mme Huguette BOKPE GNACADJA, présidente de l’Institut National de la Femme (INF), a salué l’organisation de ces journées qui « donnent de la visibilité à des femmes engagées, compétentes et essentielles à la chaîne de soins ». « En décidant de mettre en avant la place prépondérante qu’occupe la femme prestaire de services du secteur ainsi que l’usagère des produits de santé de nos pharmacies, pour démontrer votre volonté à œuvrer aux côtés de l’INF pour l’équité en santé. Les pharmacies doivent être au cœur des stratégies pour un meilleur accès aux produits de santé en matière de santé reproductive et la protection des femmes face aux Violences basées sur le Genre». Elle a également annoncé un partenariat avec l’APSPB pour mettre en place dans les pharmacies un dispositif d’information et d’orientation pour les femmes victimes de violences. « Cet événement est une illustration parfaite de notre engagement à renforcer la place des femmes dans des secteurs stratégiques comme celui de la santé. Nous sommes convaincus qu’en soutenant ces femmes pharmaciennes, nous contribuons à un système de santé plus juste et équitable pour toutes et tous », a conclu Huguette BOKPE GNACADJA, présidente de l’Institut National de la Femme.
Des femmes du secteur pharmaceutique ont été distinguées à l’issue de ces Journées.
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L’OMS réaffirme son soutien pour un renforcement de la régulation du secteur afin de garantir un accès équitable aux médicaments essentiels.
L’Organisation mondiale de la Santé, partenaire de cette première édition, a marqué sa présence à travers un appui stratégique et une participation active aux échanges. Dans son allocution, le Représentant Résident de l’OMS au Bénin, Dr KONAN Kouamé Jean, a souligné l’importance du secteur pharmaceutique privé dans l’atteinte des objectifs de couverture sanitaire universelle.
" La question de la qualité des médicaments est primordiale. Des produits sûrs, efficaces et certifiés sont indispensables pour préserver la santé des populations et renforcer la confiance dans le système de soins. L’OMS s’engage, aux côtés du Bénin, pour renforcer la réglementation pharmaceutique et lutter contre les médicaments falsifiés et de qualité inférieure. La résistance aux antimicrobiens (RAM) est une autre menace croissante » a déclaré le Représentant de l’OMS au Bénin. Dr KONAN Kouamé Jean, a également rappelé que la nécessité pour les pays africains d’opter pour une politique de production locale de médicaments a été l’une des grandes leçons apprises de la gestion de la pandémie de COVID-19.
Développer une industrie pharmaceutique locale permettrait de garantir un approvisionnement plus stable, de réduire les coûts et de renforcer l’autonomie sanitaire du pays. L’OMS encourage cette dynamique et reste engagée pour accompagner les initiatives en ce sens. » a affirmé le Représentant Résident de l’OMS au Bénin, Dr KONAN Kouamé Jean. Il a également salué la pertinence du thème et la mise en lumière du rôle des femmes dans le secteur, soulignant que la parité et la valorisation des compétences féminines sont essentielles pour un système de santé plus inclusif et efficace.

Au cours de ces Journées du Pharmacien du Secteur Privé (JPSP) l’OMS a présenté une communication sur le thème : « Résistance aux Antimicrobiens (RAM) & approche Une Seule Santé: Que faire au comptoir? ». Selon Dr Al Fattah ONIFADE, Conseiller en charge des Politiques liées aux médicaments et autres produits de santé à l’OMS, la RAM est l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique mondiale auxquelles l’humanité est confrontée. « En 2021, la RAM bactérienne a été associée à environ 4,71 millions de décès dans le monde, dont 1,14 millions directement causés par la RAM. ». Dans sa communication, il a souligné l’importance d’une approche « Une seule santé » dans la lutte contre la RAM : « Il est crucial d’adopter une approche intégrée et fédératrice de plusieurs secteurs et disciplines pour lutter de manière efficace contre la menace de la RAM ». Dr Al Fattah a également invité les pharmaciens d’officine à l'utilisation prudente des antibiotiques et la réduction de la RAM.

Soutien des autorités et perspectives
Présent à la cérémonie d’ouverture, le président du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, Dr Camille Roch DOMONHEDO, a exprimé son soutien à l’initiative. Il a rappelé que le secteur privé pharmaceutique reste un pilier du système de santé, notamment en matière d’accès de proximité au médicament et de conseils de qualité. Il a encouragé la tenue régulière de ces journées pour structurer davantage le secteur.
De leur côté, les représentants du Ministère de la Santé, de l’Agence Béninoise de Régulation Pharmaceutique (ABRP), de la CNAM et de partenaires techniques ont salué une initiative « fédératrice » et « utile », dans un contexte de réforme du système de santé au Bénin.
Une dynamique prometteuse pour l’avenir
La 1ère édition des JPSP aura été un moment fort, aussi bien sur le plan professionnel que symbolique. Elle a permis de briser l’isolement que ressentent parfois certains titulaires d’officines et de poser les bases d’une solidarité renforcée entre acteurs du médicament. Des recommandations ont été formulées pour améliorer la réglementation, encourager la formation continue, et promouvoir une plus grande équité dans l’exercice du métier, notamment pour les jeunes et les femmes. À l’issue des deux jours, un mot d’ordre : faire de ces journées un rendez-vous annuel structurant pour tout le secteur pharmaceutique privé.